JADH
JADH 2 – mars/avril 2006
Sommaire
Vie associative
National
- Conseil d’administration du 3 février 2006
Agenda Régions
- Île-de-France
- Rhône-Alpes
- Martinique
DOSSIER / Les enjeux de la communication
Que pouvons-nous attendre de la communication ? Geneviève Monestiez-Geay
Les silences de l’hôpital Entretien avec Geneviève Monestiez-Geay
Rapports hôpital/médias : expériences
- La communication se prépare très en amont d’un événement Interview de Philippe Domy
- Visa pour un nouveau visage
- Quand médiatique ne rime pas forcément avec éthique
- « Savoir à qui on parle, de quoi et comment on en parle » Interview de Carol Jonas
- Avec la presse, il faut être crédible Interview de Jean-Louis Dardé
- Patients et impatients Pierre Laurent
Réflexions, Démocratie sanitaire et communication René Bandelier
Vie hospitalière
- Expression : de l’esprit des réformes à une réforme des esprits Hugues Destrem
- Petite chronique immobilière Marc Lamour
Editorial
Communiquer pour diriger
Explosion des technologies de l’information, profusion des supports : nous vivons aujourd’hui dans une société dite «de la communication». On parle souvent du « quatrième pouvoir» pour évoquer la presse, et par extension les médias. Ces derniers ont précisément constitué, dans notre cadre démocratique, un recours pour les citoyens contre les abus des autorités. En effet, les trois pouvoirs traditionnels – législatif, exécutif et judiciaire – peuvent parfois faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Depuis une dizaine d’années, l’exposition médiatique des hôpitaux s’est considérablement accrue. Elle porte à la connaissance d’un public, averti ou non, une somme d ’ informations incroyable. La sensibilité du public a augmenté au fur et à mesure que cette diffusion et cette exigence d’informations s’accroissaient. La disponibilité de l’information sur les hôpitaux, sur les risques et les dangers présents génère plusieurs comportements. D’une part, elle permet une meilleure visibilité de l’activité hospitalière et des enjeux qu’elle comporte. D’autre part, elle génère une compréhension, une prise de conscience et une exigence plus grande du public, et abaisse considérablement son seuil de tolérance au risque. Cette diminution du seuil d’acceptation sociale a aussi été favorisée par la couverture médiatique importante qui caractérise les crises modernes.Vitrine du monde, formidable réservoir de « scoops » aux retentissements affectifs et sociaux considérables, l’hôpital, lorsque la crise se déclare, doit s’attendre en toute logique à être aussitôt porté sur le devant de la scène. Le caractère instantané de la transmission de l’information contribue à amplifier radicalement le moindre événement qui prendrait naissance dans un contexte sensible. Il contribue aussi à rendre visible le secret ou l’invisible, les médias agissant comme de formidables «caisses de résonance» au sein de notre société. Dans un tel contexte, la masse d’informations, la diversité des canaux, l’interconnexion immédiate (Internet, réseaux…) et la concurrence intermédias viennent éveiller et nourrir régulièrement les phobies, les fantasmes et la confusion du public vis-à-vis de certaines activités ou de certains hôpitaux. En ce sens, la communication en direction des usagers comme des professionnels de santé, et du public en général, constitue aujourd’hui une des dimensions essentielles de notre métier de directeur d’hôpital. Outre une compétence technique, il faut désormais une compétence «communicationnelle ». Il faut posséder la première des qualités requises : l’art de communiquer, indispensable dans une société où les médias sont les intermédiaires obligés, au sein de l’espace public. Il faut dès lors en connaître les rouages, les vices et les vertus. Il faut acquérir une aptitude au maniement des médias et s’entourer pour cela de spécialistes. Est-il encore nécessaire de rappeler que tout système de communication est avant tout un système de pouvoir ? Le directeur d’hôpital doit écouter et comprendre les attentes des usagers, des professionnels et, inversement, transmettre et informer ces derniers sur les orientations stratégiques choisies, sur les conséquences des choix déjà entérinés, ainsi que sur les futurs projets. Pour toutes ces raisons, le rapport établi entre l’hôpital et les médias est à ce point déterminant qu’il s’est littéralement institutionnalisé. En effet, quels que soient la période et le support utilisé, la relation hôpital/médias est désormais une constante. C’est un jeu de rôles que pilote l’informateur, le journaliste, qui doit théoriquement penser, dire et commenter l’information dans l’indépendance et la transparence.Mais alors, faut-il tout lui dire ? Si oui, comment le dire ? Et quand est-il «opportun» de le dire ? C’est un procès très fin, mais aussi sans fin.
Céline COSSON-LIMOUZY
Secrétaire générale adjointe