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La Stratégie nationale de santé dévoilée – Le commentaire de l’ADH
Ce matin était dévoilée la Stratégie Nationale de Santé (SNS) à l’occasion de la remise officielle du rapport d’Alain Cordier et du Comité des Sages à Marisol Touraine, Ministre de la Santé et des Affaires Sociales, et à la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, en présence des Ministres déléguées Mesdames Dominique Bertinotti (Familles), et Michèle Delaunay (Personnes âgées et Autonomie).
Les représentants invités du monde de la santé, et parmi eux le Président de l’ADH, assistaient à cette cérémonie officielle qui a jeté les bases d’un projet qui se veut ambitieux, reposant sur 3 axes :
Développer la prévention en sélectionnant des objectifs de santé publique peu nombreux et partagés ;
Structurer une médecine de parcours à partir des soins de premier recours ;
Développer les droits des patients.
La SNS entend s’attaquer au défi démographique du vieillissement, et à des défis sociétaux comme la précarité qui entraîne le renoncement aux soins ou les inégalités de santé. Notre modèle a été conçu dans les années 50, il doit maintenant s’adapter aux enjeux du XXIème siècle, affirmaient d’un commun accord les deux ministres et le président du comité des sages.
En ce qui concerne le plan des soins, l’accent est mis sur le suivi des maladies chroniques et la synergie de l’ensemble des professionnels de santé. L’un des enseignements du Rapport Cordier mis en exergue est le primat excessif du curatif : «notre système de santé […] est trop cloisonné, hétérogène aussi, qu’il s’agisse de la qualité et de la pertinence des soins apportés, des conditions de travail des professionnels. Son financement est devenu trop rigide et son organisation est mal régulée, alors même que les professionnels croulent sous des normes toujours plus envahissantes !» (M.Touraine).
L’ADH ne peut que se féliciter de cette remarque : l’inflation normative, régulièrement dénoncée par l’association (voir le dernier n° du JADH), par le milieu professionnel, ou dans les rapports précédents, nécessite d’être corrigée rapidement et substantiellement.
La SNS positionne par ailleurs le médecin généraliste comme pivot du parcours de soins. L’inter professionnalité, les nouveaux métiers comme celui d’infirmier clinicien, sont censés renforcer les synergies entre ville et Hôpital pour structurer le «Service public territorial de santé». Il s’agira de diminuer le recours systématique et excessif aux établissements de santé. Les membres de l’ADH alertent depuis longtemps les pouvoirs publics sur cette situation et ne peuvent que partager l’objectif, en vue de modifier les pratiques actuelles et de corriger les effets d’un hospitalo-centrisme bien souvent subi.
Sur le financement précisément, des engagements sont pris en faveur d’un financement hospitalier plus équitable : «Dès le PLFSS 2014, je proposerai d’engager la rénovation du financement de l’hôpital pour le mettre au service d’une logique de parcours tout en lui permettant de prendre en compte l’isolement géographique de certains établissements ou leur volume d’actes. (M.Touraine)». Pour l’ADH, il faudra accompagner dans le détail cette réforme nécessaire, en veillant à l’équilibre des ressources et des charges des établissements, particulièrement dans la mise en œuvre éventuelle d’une tarification au parcours. L’ADH rejoint pleinement à cet égard le souhait de la Fédération Hospitalière de France de favoriser les expérimentations locales sur des parcours de soins ou des offres par spécialité spécifiques : cette capacité d’innovation est la garantie d’un fonctionnement dynamique, elle doit être aidée par les autorités locales et nationales.
Le troisième pilier de la SNS exposé ce matin est le renforcement des droits des patients et de leur information : outre un Dossier Médical Partagé «nouvelle génération» qui serait (enfin…) réellement opérationnel, un répertoire de l’offre de soins au niveau régional et un site («medicament.gouv.fr») ont été annoncés. La mission confiée parallèlement à Madame Compagnon sur la place des usagers à l’Hôpital complétera ce dispositif ; l’ADH lui adresse à ce sujet cette semaine sa contribution, qui fait suite à son audition en juillet.
Cette Stratégie nationale de Santé suppose un changement de paradigme pour les professionnels de santé, en ville comme à l’hôpital : une approche décloisonnée, moins centrée sur le lieu d’exercice, plus collaborative, plus transversale, dans laquelle le territoire serait l’échelle de référence.
Nos collègues directeurs, les cadres dirigeants dans leur ensemble ainsi que les hospitaliers ont déjà compris ces enjeux et sont engagés dans cette direction, avec de réelles capacités, éprouvées, d’adaptation et d’audace. Il faut les soutenir pour aller encore plus loin. L’ADH, comme elle l’a fait lors des rapports précédents et dans le cadre du Pacte de Confiance, se rend disponible pour apporter une contribution utile, pragmatique, professionnelle, dans l’espoir d’un rapide «passage aux actes».