JADH 42 – novembre/décembre 2012

Sommaire

Vie associative

National

Vie des instances : nouveau bureau
Événement : Journées ADH 2013, préprogramme

Régions

International

DOSSIER

Compte-rendu du colloque Égalité « Managez équilibré ! »
Le lobbying au féminin – La force du réseau
Le poids des normes sexuées
L’empreinte des dirigeantes ?
Pour un management égalitaire – La formation serait-elle la clé ?
Promouvoir l’égalité par l’évaluation
Cherchez le modèle – Tour d’horizon à la recherche d’une parité modèle

Vie hospitalière

Analyse – Éthique pratique : mode d’emploi !-Paul Chevalier
Manager à l’hôpital… et ailleurs -Interview d’Eva Battaglia
Clin d’oeil – Petit abécédaire hospitalier- Marc Lamour
Reportage – Rencontres RH de la santé

Editorial

Tu seras équilibré mon fils

L’ADH a créé en 2008 un groupe de travail sur l’égalité, dans lequel je me suis engagé essentiellement par égoïsme. les inégalités hommes/femmes au travail sont criantes et le secteur public ne fait pas exception. Certes. Mais j’étais surtout inquiet, dans notre hôpital public engagé sur la voie radieuse de la performance, de pouvoir trouver un équilibre satisfaisant entre vie familiale (pour ne pas dire personnelle) et vie professionnelle, et plus précisément pour vivre de façon satisfaisante ma parentalité. Je suis inquiet des sacrifices qui peuvent sembler nécessaires à une carrière hospitalière épanouissante, au regard de la dimension fortement territoriale de nos métiers et de ce culte de la mobilité qui peut être poussé jusqu’au ridicule. Les mobilités fonctionnelles et géographiques sont nécessaires au développement professionnel des directeurs d’hôpital, mais est-on vraiment meilleur dirigeant si l’on a vogué des Landes aux Ardennes en passant par le Finistère? Papa d’un bébé de cinq mois heureux dans sa nouvelle crèche, ma compagne ayant un travail similaire au mien, je sais qu’une mobilité lointaine demandera une préparation et une coordination difficilement compatibles avec les procédures de recrutement de directeurs. À écouter les nombreux collègues qui vivent ou ont vécu des années à plusieurs heures de leurs conjoints et familles, la SNCF pourrait-elle créer des cartes de fidélité spéciales hospitaliers ? Je suis nettement plus rassuré sur la question des rythmes et organisations de travail, domaine qui évolue et vite. D’aucuns adoptent encore un usage quasi sacrificiel du temps, rivalisant de présentéisme. Quand cessera-t-on de traîner dans le bureau de son voisin de couloir parce que l’on est gêné de partir plus tôt que lui ? dans bien des établissements, le rite initiatique n’est pas loin : les locaux de l’administration vidés, dans la pénombre du bureau du directeur, se retrouvent ceux qui en sont, ceux qui restent et resteront sur le pont, et de préférence dans la cabine du capitaine. Mais si bien des chefs de pôle aiment à prolonger les réunions de fin de journée par des débats passionnés sur l’avenir de l’hôpital public, et les instances tardives par de joyeuses collations, je me vois souvent conduit à renoncer à ces temps conviviaux, pourtant fort utiles pour introduire un peu de souplesse dans les rouages hospitaliers. Comme les jeunes PH, je veille à ne pas manquer mon tour à la crèche de l’hôpital où nous allons chercher nos petits loups. Je profite ainsi de la superbe contrepartie à la perte de la suprématie quasi totale des hommes sur le monde du travail, le rééquilibrage des rôles dans le cercle familial. Selon Brigitte Grésy, dont les travaux figurent au premier rang des bases de réflexion de l’adH, il ne faut pas «oublier qu’il n’y a pas de symétrie ni d’équivalence entre la remise en cause des privilèges des hommes et/ou leur privation de ressorts de vie, notamment l’expression des émotions, d’un côté, et l’oppression des femmes ainsi que la valeur différentielle à laquelle elles sont toujours assignées, de l’autre». les enjeux pour chacun étant identifiés, hommes et femmes ont un intérêt mutuel à œuvrer pour l’égalité professionnelle, et l’ADH contribue à creuser le sillon.

Guillaume Pradalié
Secrétaire général/DSI, hôpitaux Drôme-Nord, Romans-sur-Isère

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